Arrivé au bord du lac de Genève il y a une année dans la discrétion la plus totale, il n’aura pas fallu longtemps à Samba Lele Diba et son mètre 95 pour se faire une place dans notre effectif. Une première saison idéale pour le natif de Louga au Sénégal, entre titre de champion avec les M21 et apparitions régulières avec la première équipe. Rencontre avec un Lion de la Teranga au léger accent carioca, depuis Crans-Montana où il est en stage avec le reste du groupe vice-champion suisse (aussi agréable à répéter que le score du dernier Servette-sion).
Vous êtes de retour à l’entrainement depuis environ deux semaines. Comment as-tu passé tes vacances?
C’était bien! Je suis rentré chez moi à Louga au Sénégal. Ça faisait longtemps que je n’étais pas retourné au pays. J’ai pu me ressourcer avec ma famille et mes amis. C’est agréable.
Tu es né à Louga, d’un père footballeur professionnel et d’une maman professeure d’école primaire. Comment s’est déroulée ta jeunesse?
J’ai eu une belle jeunesse, dans une famille où tout le monde est footballeur. Mon père n’était pas le seul professionnel, mon oncle l’était aussi, il a joué en Turquie. Mon père lui a toujours joué au pays, mais a connu toutes les sélections nationales, des U15 jusqu’aux A.
Mes parents m’ont donné une bonne éducation, ils nous ont toujours bien encadré. Nous sommes une fratrie de trois enfants dont je suis l’ainé. J’ai une soeur et un frère qui joue aussi au foot au pays.
Tout a vraiment toujours tourné autour du foot. On y jouait matin, midi et soir. Même à l’école, on partait le matin avec notre ballon dans le sac qu’on sortait à chaque récréation. Il y avait un petit terrain de foot et un terrain de basket dans la cour. On jouait vraiment à chaque fois qu’on le pouvait. Puis j’ai arrêté mes études en seconde pour me consacrer totalement au foot.
Est-ce que tes parents supportent le Brésil?
Oui, mon père.
D’où ton prénom, Samba?
(Il rit) Oui! Mais c’est aussi le nom de son frère, avec qui il a toujours tout fait et encore aujourd’hui. Mais effectivement, la famille a toujours aimé le Brésil.
Tu as toujours grandi dans cet univers, mais quel est ton premier souvenir de foot?
Mon premier vrai souvenir c’est la finale de Coupe du Sénégal qu’a jouée mon père en 2004. C’était à Dakar, ASEC Ndiambour contre Djaraf. J’étais au stade avec ma mère pour assister au match. Mon père s’est blessé durant les prolongations, à la 114è. Une déchirure musculaire. Mais le club a gagné aux pénalties, dans un stade plein à craquer. Je m’en rappelle vraiment très bien.
Et de ton côté, quand as-tu vraiment commencé à jouer dans un club structuré?
J’ai eu ma première vraie expérience à 15 ans, quand je suis parti au centre de formation de l’Etoile Lusitana, à Dakar. J’y a passé une année durant laquelle j’ai beaucoup appris. Que ce soit au niveau du sportif mais aussi de l’humain. Quitter son environnement familial pour partir vivre à Dakar dans un centre avec plein d’autres jeunes a été très formateur.
Tu es ensuite retourné à Louga et à l’ASEC Ndiambour, en deuxième division. À quel moment as-tu vraiment pris ton envol?
Ma première année a été compliquée. Je n’avais pas fait la préparation avec l’équipe, je les ai rejoints tard. J’ai dû jouer dix minutes en treize matchs, avant que tout soit arrêté à cause du COVID. Quand nous avons pu reprendre l’équipe est partie en stage et à partir de là tout s’est enchaîné. J’ai vite commencé à être titulaire, autour de la dixième journée de championnat, et n’ai plus quitté le onze ensuite. J’ai également commencé à être appelé avec les U20 sénégalais.
Comment se sont déroulés les premiers contacts avec Servette?
C’est mon agent qui a tout réglé. J’étais au pays et venais de revenir d’Egypte avec la sélection. Il m’a appelé deux jours après mon retour pour me dire que Servette était intéressé. Moi je ne connaissais absolument rien de la Suisse ou de l’Europe, je n’avais jamais quitté l’Afrique. Je savais juste que la Suisse était un pays montagneux.
Puis je suis arrivé à l’hiver 2022 pour passer des essais, la température m’a vraiment frappée. Je suis resté environ un mois et demi avec les M21 et je crois qu’au final tout le monde était content. J’ai travaillé dur. Dès mon retour au Sénégal j’étais persuadé que je reviendrai vite à Genève avec un contrat.
Et c’est effectivement ce qu’il s’est passé.
Oui, et ça a vraiment été une très grande fierté pour moi. Toute la famille était heureuse et c’est comme un rêve qui est devenu réalité. Mes parents et surtout mon père, de part le fait qu’il a été joueur, m’ont bien encadré et m’ont énormément aidé. Je leur dois beaucoup. Et je suis aujourd’hui le seul joueur de Louga a être professionnel, ça représente aussi quelque chose pour tout le monde.
Comment as-tu été accueilli à Genève? Il semble que tu t’es très vite intégré au groupe.
Franchement, l’accueil a été magnifique. Des joueurs au staff, ils ont tous été formidables. Et quand tu regardes la saison que j’ai fait tu peux voir que je me sens bien dans l’équipe. On m’a tout de suite mis à l’aise. Pour un gars qui vient d’Afrique et qui ne connait rien à l’Europe, c’est vite difficile si tu n’es pas bien entouré. Et j’ai la chance de l’être.
Je suis vraiment très pote avec Baba (Souaré), Théo Magnin, Sidiki (Camara), Bouba (Fofana) ou encore Malik (Sawadogo). Ceux avec qui j’étais en M21. On se cotoie beaucoup dans le cadre du foot, mais sinon je suis pas vraiment quelqu’un qui sort. Je préfère rester à la maison.
Quel bilan tires-tu de ta première saison?
Il aurait été difficile de rêver mieux, pour une première saison en Europe. On a été champions avec les M21, 2è du championnat et qualifiés en barrages de Ligue des Champions. D’avoir pu participer à tout ça c’est beaucoup de fierté. C’était vraiment génial et j’espère que ça va continuer comme ça.
Et quelles sont tes attentes personnelles pour ta deuxième saison ici?
Mon objectif premier est de confirmer et de faire mieux que la saison passée. Je me suis fixé des objectifs personnels que je garde pour moi, mais je compte bien les atteindre.
Vous avez repris avec un nouvel entraineur, René Weiler. Après deux semaines, quelles différences peux-tu noter entre sa méthode et celle d’Alain Geiger?
Il n’y a pas vraiment une grande différence. Ce sont deux entraineurs qui aiment que leurs équipes jouent bien au foot. On n’est à ce stade pas encore entré dans les systèmes de jeu, mais on voit vraiment que son objectif est qu’on pratique un beau football.
Avez-vous déjà commencé à étudier le jeu du KRC Genk?
Pas encore. Pour le moment on est vraiment focalisé sur notre préparation. Ce n’est pas la période la plus agréable de l’année, on fait beaucoup de courses sans ballon. Je ne pense pas qu’il y ait un seul joueur pro qui apprécie cela! Heureusement on est à Crans-Montana, dans un cadre agréable.
On a appris dans la presse dernièrement que tu intéressais plusieurs clubs de Ligue 2 en France. Quel est ton plan de carrière?
Je suis à 100% concentré sur le Servette, mais comme tout footballeur j’aimerais pouvoir jouer au plus haut niveau possible et gagner plusieurs trophées.