Comme une évidence. Membre influent avec Di-Meh et Makala, entre autres, de SWK (Superwak Clique), collectif qui porte haut et souvent en dehors de nos frontières l’étandard du rap suisse-romand, Slimka avait le profil idoine pour s’afficher avec le club et attirer un nouveau public. Le rappeur genevois représente à merveille ce tournant médiatique opéré par le club et valorisant les talents locaux. Rencontre donc avec un des plus grands espoirs de la Ville un samedi après-midi pluvieux, entre le tram 14, le bus 22, le KFC de Lancy Centre et le studio de son label, Colors Records.
Tout d’abord, pourrais-tu te présenter pour nos lecteurs qui ne te connaitraient pas encore?
Cassim Sall alias Slimka pour les intimes. 26 ans, je suis un jeune de la Ville, je suis né et ai grandi à Genève. J’en suis un grand représentant artistiquement parlant et j’en suis fier.
J’ai commencé le rap par l’intermédiaire de mes potes Di-Meh et Makala qui m’ont motivé à me lancer. Les fréquenter m’a vraiment poussé. J’ai déjà sorti 2 EP, plusieurs clips, des featurings et je prépare actuellement mon premier album solo.
Quelle est la plus grande fierté de ta carrière jusqu’à présent?
Tout simplement d’avoir eu les “cojones” de poser un son, tu vois? D’assumer ma musique, de la défendre en live. Il y a trop de gens qui parlent beaucoup, mais va écrire un son sur une prod, trouver des flows, poser sur scène et après tu viens me parler. Pouvoir le faire c’est vraiment une grosse fierté. C’est lourd.
Tu fais souvent des références au monde du foot dans tes sons.
Ouais pas mal.
Quel est ton rapport avec ce sport?
Je suis un footballeur dans l’âme! Les rappeurs sont des footballeurs et inversement. C’est connecté. Le premier sport que j’ai pratiqué c’est le foot. Après je trouve qu’il a un peu changé, mais je kiffe quand même.
Dans quel sens trouves-tu qu’il a changé?
L’argent, les réseaux sociaux. Je trouve qu’avant c’était plus un sport collectif. Les joueurs se battaient pour faire briller leur équipe. Maintenant ils se battent plus pour se faire briller eux. C’est qui a le plus d’abonnés sur son compte Instagram, qui est le plus suivi. J’ai l’impression qu’aujourd’hui si t’es un bon joueur mais que t’as pas beaucoup de gens qui te suivent sur les réseaux, ça va être difficile.
On pourrait faire une analogie avec le rap. Souvent dans les groupes, les collectifs, comme dans les équipes de foot, des individualités finissent par ressortir et lâcher le groupe pour partir en solo. Et voir leur carrière sur un angle purement personnel et plus sur celui du groupe de potes dans le rap ou du club formateur dans le foot.
C’est ça. Après je pense encore une fois que c’est en grande partie dû à l’apparition des réseaux sociaux. Tu es rapidement starifié et parfois pour pas grand chose. On voit des footballeurs faire une bonne saison, devenir vite des stars, pas assurer ensuite et du jour au lendemain y a plus rien.
Tu me disais avoir pas mal joué au foot. Tu as joué où?
J’ai commencé à 12 ans à Servette. Ensuite j’ai joué à Regina, Grand-Lancy, CS Italien, UGS. J’ai aussi joué à Vernier. Je t’ai dit : je suis un footballeur! Mon père aurait kiffé que je perce. Et moi aussi, je pense que c’est le rêve de la plupart des jeunes. Etre footballeur ou sportif de haut niveau.
Après je me suis vite rendu compte que c’était un monde que j’aimais bien, mais uniquement de l’extérieur. J’étais pas trop dans ce délire.
Tu suivais un peu le Servette à l’époque?
J’ai saigné le Stade de la Praille avec ma grand-mère quand elle était encore de ce monde. On allait toujours en VIP, à l’époque de Karembeu. J’étais trop chaud. Mais là ça fait un moment que je ne suis pas retourné, je ne te le cache pas. Pas depuis la montée.
Quelle image avais-tu du club avant ces deux dernières saisons, quand il n’avait pas encore retrouvé son standing actuel?
J’avais cet espoir, je me disais que ça serait vraiment lourd si le club de la Ville, qui représente plein de choses, pouvait remonter. Que ça pourrait motiver les jeunes et amener du positif à Genève. Mais de mon côté ça coïncidait aussi à un moment où j’étais vraiment concentré sur mon rap et sur le début de ma carrière. Mais de voir qu’on se rejoint aujourd’hui c’est magnifique.
Et du coup comment s’est faite la connexion avec le club pour la présentation du 3è maillot?
J’ai envie de te dire que la connexion s’est faite très logiquement. Ils ont été très vifs et ont capté que je suis un mec de la Ville, que j’ai un bon contact et représente bien les jeunes. Au final c’est donnant-donnant et c’est bon pour tout le monde.
C’est la première fois que je faisais quelque chose comme ça donc je ne savais pas trop comment ça allait se passer. Mais ça a vraiment été super bien direct.
Quelle a été ta réaction lorsque le club t’a contacté?
J’étais trop refait! Et je l’attendais. Franchement, j’aurais un peu eu le seum si le club avait choisi quelqu’un d’autre. Je suis un mec de la Ville, j’aime trop le foot, et donner de la force comme ça à mon équipe c’est lourd.
Et quand tu vois les réactions suscitées ça doit aussi te faire plaisir.
Franchement ça me fait trop plaisir. Je vois des mecs de France qui veulent acheter le maillot, alors qu’ils ne connaissent même pas le club. C’est fort. Je suis déjà apparu sur scène avec, je le mets dans mes stories Instagram, les gens commentent! Ils aiment le maillot.
Tu penses que c’est le genre d’action qui peut amener les jeunes au stade?
Je ne le pense pas, j’en suis sûr. Les jeunes kiffent le foot et la musique. Certains plus la musique que le foot et mon but c’est de les motiver. Surtout ceux qui viennent d’ici. Que des gens d’autres pays kiffent c’est lourd, mais il faut que les gens d’ici soient fiers de leur Ville et de leur club. Qu’ils donnent de la force aux joueurs.
L’image du club est vraiment entrain de s’améliorer. Quand tu vois des médias français parler de tout ça, les jeunes ici ils hallucinent. Parce que c’est leur Ville et qu’ils s’y identifient. Et peut-être aussi qu’ils ont besoin de voir des gens de l’étranger parler de leur club pour que eux aussi aient envie d’en parler.
Ca me dérange un peu. On s’en fout que le maillot soit validé par la France. J’aimerais que les gens aient pas besoin d’attendre ce genre de choses pour aller au stade. C’est un maillot de chez toi, il est lourd, défends-le!
Un slogan des tribunes dit d’ailleurs “Supporte le club de ta ville”.
Et c’est complètement ça. Il faut supporter ta ville, en tous les cas. Je suis né à Genève, je suis Suisse, il n’y a pas de raison que je supporte Paname ou Manchester City. Et ça les gens faut qu’ils le captent. C’est tout.
Il devrait normalement y avoir le retour du public dans les stades pour le mois d’octobre. Tu comptes venir plus régulièrement à la Praille?
C’est sûr frère! J’aimerais même qu’on me donne des accès, que je puisse parler avec les joueurs, leur donner de la force. Je veux aller au stade, aller chanter avec les ultras. Je suis vraiment dans ce délire.
Tu as des contacts avec des joueurs de l’équipe actuelle?
Plus à travers les réseaux sociaux. Là je viens d’envoyer un message à Mendy pour le féliciter. J’ai kiffé de ouf le but qu’il a mis. Après même si il ne voit pas le message je m’en fous. Je le fais parce que ça me fait plaisir. Je partage les trucs de Servette, je les mentionne partout, parce que je kiffe.
C’est toujours compliqué de faire un son sur le foot et encore plus sur un club, mais est-ce que tu t’es déjà imaginé en faire un pour Servette?
Bien sûr et depuis longtemps, bien avant notre collaboration. Mais comme tu dis c’est pas facile. Il faut que je trouve comment l’aborder. Sous l’angle vraiment Servette ou plus généralement le fait de supporter le club de sa ville. Et je n’ai pas non plus envie de faire un truc juste pour le faire.
Est-ce qu’on peut s’attendre à d’autres collaborations avec le club?
C’est sûr qu’on va me retrouver encore avec Servette. Je ferai même le présentateur si il faut! Il va y avoir des suites. La présentation du maillot s’est super bien passée et s’est faite très naturellement. Il n’y a donc aucune raison que ça ne continue pas.